Décomposition nationale et espoir universel : Le syndicalisme et le catholicisme en France face à la figure du migrant

Fin 2016, vingt-cinq ouvriers du bâtiment occupent pendant plus d’un mois leur site de travail, un grand projet immobilier situé avenue de Breteuil dans le septième arrondissement de Paris et détenu par le groupe mutualiste Covéa. Employés par le sous-traitant MT BAT-Immeubles, tous en situation irrégulière et non déclarés par leur employeur, les ouvriers originaires du Mali se sont mis en grève le 7 septembre à la suite d’un grave accident du travail subi par l’un d’entre eux sur le chantier et pour dénoncer la précarité et la clandestinité de leurs conditions de travail. Ils revendiquent le droit d’être déclarés, d’avoir des contrats de travail, de payer des cotisations sociales, d’obtenir l’ensemble de leurs fiches de paie et la régularisation de leur situation administrative. Une longue négociation ayant été menée en parallèle de l’occupation du chantier, les vingt-cinq obtiendront gain de cause sur toutes leurs revendications et réintégreront leur chantier de travail le 7 novembre.
Dans cette lutte, ces travailleurs assument les carences de salaire qu’entraîne une action de grève ; ils courent aussi les risques d’éloignement forcé du territoire que peut leur imposer l’État et de représailles de la part de leur employeur ou encore d’autres acteurs du bâtiment francilien qui recrutent largement une main-d’oeuvre clandestine. Mais ils bénéficient aussi d’un soutien engagé de la part de plusieurs acteurs de la société civile. En première ligne, la Confédération générale du travail (CGT) fournit aux travailleurs un soutien juridique et logistique qui s’avère déterminant dans leur victoire…