TY - JOUR
T1 - La pêche migrante au Sénégal, en Mauritanie et Gambie : un mécanisme d’approvisionnement des industries de farine de poisson
AU - Deme, Elhadj
AU - Diédhiou, Idrissa
AU - Failler, Pierre
PY - 2023/4/1
Y1 - 2023/4/1
N2 - L’objectif de l’article est d’évaluer la contribution quantitative des captures des pêcheurs migrants à l’approvisionnement des usines de farine de poisson du Sénégal, de la Gambie et de la Mauritanie. La méthode a consisté d’abord à identifier et quantifier les volumes des captures des pêcheurs migrants ciblant les petits pélagiques dans les trois pays étudiés. Ensuite, des entretiens de terrain auprès des pêcheurs migrants et mareyeurs ont permis de déterminer la part des captures allouée aux industries de farine de poisson. Sur la base du ratio de conversion poisson / farine de poisson, la quantité de farine produite à partir de l’approvisionnement des pêcheurs artisans migrants est déterminée. Globalement, les captures des quatre filières migrantes de petit pélagique (3 sénégalaises et 1 guinéenne) identifiées en Mauritanie et en Gambie sont estimés à plus de 300 000 tonnes. Plus de 72% de ce tonnage estimé, soit 220 000 tonnes, sont destinées à l’approvisionnement des usines de farine de poisson des trois pays. Plus de 2/3 de cet approvisionnement est versé dans les usines mauritaniennes de farine de poisson, le Sénégal et la Gambie se partageant ainsi le tiers restant. Par ailleurs, sur les 500 000 tonnes de pélagiques transformés annuellement dans les usines de farine de poisson, plus de la moitié est approvisionnée par les pêcheurs migrants. À l’échelle micro-économique, les industries de farine de poisson engendrent une amélioration des comptes d’exploitation des pêcheries, elles assurent la vente des captures à des prix plus rémunérateurs que sur le marché local. Mais, analysées à une échelle plus importante, les industries d’usine de farine de poisson créent de réelles tensions sur la sécurité alimentaire des pays ouest-africains, sachant que les petits pélagiques constituent la principale source de protéines animales au Sénégal et en Gambie où ils sont surexploités depuis quelques années maintenant. Par ailleurs, elles privent l’accès à la transformation artisanale de leur matière première. Autant d’éléments qui posent la réflexion sur l’impérieuse nécessité de réglementer les captures de la pêche migrante à l’échelle régionale et de diminuer radicalement la part allouée à la transformation de farine de poisson au profit de la consommation locale.
AB - L’objectif de l’article est d’évaluer la contribution quantitative des captures des pêcheurs migrants à l’approvisionnement des usines de farine de poisson du Sénégal, de la Gambie et de la Mauritanie. La méthode a consisté d’abord à identifier et quantifier les volumes des captures des pêcheurs migrants ciblant les petits pélagiques dans les trois pays étudiés. Ensuite, des entretiens de terrain auprès des pêcheurs migrants et mareyeurs ont permis de déterminer la part des captures allouée aux industries de farine de poisson. Sur la base du ratio de conversion poisson / farine de poisson, la quantité de farine produite à partir de l’approvisionnement des pêcheurs artisans migrants est déterminée. Globalement, les captures des quatre filières migrantes de petit pélagique (3 sénégalaises et 1 guinéenne) identifiées en Mauritanie et en Gambie sont estimés à plus de 300 000 tonnes. Plus de 72% de ce tonnage estimé, soit 220 000 tonnes, sont destinées à l’approvisionnement des usines de farine de poisson des trois pays. Plus de 2/3 de cet approvisionnement est versé dans les usines mauritaniennes de farine de poisson, le Sénégal et la Gambie se partageant ainsi le tiers restant. Par ailleurs, sur les 500 000 tonnes de pélagiques transformés annuellement dans les usines de farine de poisson, plus de la moitié est approvisionnée par les pêcheurs migrants. À l’échelle micro-économique, les industries de farine de poisson engendrent une amélioration des comptes d’exploitation des pêcheries, elles assurent la vente des captures à des prix plus rémunérateurs que sur le marché local. Mais, analysées à une échelle plus importante, les industries d’usine de farine de poisson créent de réelles tensions sur la sécurité alimentaire des pays ouest-africains, sachant que les petits pélagiques constituent la principale source de protéines animales au Sénégal et en Gambie où ils sont surexploités depuis quelques années maintenant. Par ailleurs, elles privent l’accès à la transformation artisanale de leur matière première. Autant d’éléments qui posent la réflexion sur l’impérieuse nécessité de réglementer les captures de la pêche migrante à l’échelle régionale et de diminuer radicalement la part allouée à la transformation de farine de poisson au profit de la consommation locale.
KW - Pêche
KW - industrie
KW - politique
KW - marché
KW - transformation
U2 - 10.4000/vertigo.39989
DO - 10.4000/vertigo.39989
M3 - Article
SN - 1492-8442
VL - 23
JO - VertigO: La Revue Électronique en Sciences de l'Environnement
JF - VertigO: La Revue Électronique en Sciences de l'Environnement
IS - 1
ER -