Abstract
Les indicateurs chiffrés ont pris une importance croissante au sein de la
police nationale dans un contexte d’introduction du nouveau management
public et de recours croissant aux nouvelles technologies. Au-delà de
l’usage politique de ces chiffres, il convient de s’interroger sur leurs effets
concrets sur les pratiques et les priorités de la police, en particulier sur un
éventuel renforcement du caractère centralisé de l’organisation policière.
Le poids grandissant des chiffres s’est traduit par une utilisation accrue de
différentes bases de données comme la main courante informatisée et autres
tableaux de bord, par l’introduction de primes à la performance ainsi que
par un renforcement des équipes chargées de collecter et de transmettre
les données. La nécessité de rendre des comptes et de faire remonter
l’information à tous les échelons de la hiérarchie, du commissariat au
ministère, a contribué à un renforcement de la pyramide hiérarchique tout en
réduisant la marge d’autonomie des agents. Ceux-ci ressentent une forme de
frustration face à des demandes de plus en plus pressantes d’information et de
résultats émanant de la hiérarchie. En découle un certain nombre de stratégies
d’évitement, d’adaptation, voire de tricheries, afin de fournir de bons chiffres
en réponse aux objectifs assignés par le niveau supérieur, souvent suspecté de
se soucier uniquement des statistiques au détriment de l’efficacité du « vrai »
travail policier. Les effets centralisateurs sont ainsi contrebalancés par des
pratiques centrifuges.
police nationale dans un contexte d’introduction du nouveau management
public et de recours croissant aux nouvelles technologies. Au-delà de
l’usage politique de ces chiffres, il convient de s’interroger sur leurs effets
concrets sur les pratiques et les priorités de la police, en particulier sur un
éventuel renforcement du caractère centralisé de l’organisation policière.
Le poids grandissant des chiffres s’est traduit par une utilisation accrue de
différentes bases de données comme la main courante informatisée et autres
tableaux de bord, par l’introduction de primes à la performance ainsi que
par un renforcement des équipes chargées de collecter et de transmettre
les données. La nécessité de rendre des comptes et de faire remonter
l’information à tous les échelons de la hiérarchie, du commissariat au
ministère, a contribué à un renforcement de la pyramide hiérarchique tout en
réduisant la marge d’autonomie des agents. Ceux-ci ressentent une forme de
frustration face à des demandes de plus en plus pressantes d’information et de
résultats émanant de la hiérarchie. En découle un certain nombre de stratégies
d’évitement, d’adaptation, voire de tricheries, afin de fournir de bons chiffres
en réponse aux objectifs assignés par le niveau supérieur, souvent suspecté de
se soucier uniquement des statistiques au détriment de l’efficacité du « vrai »
travail policier. Les effets centralisateurs sont ainsi contrebalancés par des
pratiques centrifuges.
Translated title of the contribution | The use of quantitative indicators in the national police: arrangements in a centralized organization |
---|---|
Original language | French |
Pages (from-to) | 12-21 |
Journal | Cahiers de la Sécurité et de la Justice |
Volume | 32 |
Publication status | Published - Sept 2015 |